Grand lustre Medusa, Atelier H • © DR
Nous connaissons tous le travail de la pierre, du marbre taillé dans la masse, du bloc imposant se transformant en objet aux formes délicates. Mais cette matière, rude, cassante, capricieuse, est peut-être plus malléable qu’on ne le pensait. C’est ce que démontre Atelier H. Fondé il y a tout juste un an, le studio dédié au design de mobilier et luminaires se démarque par son désir d’innovation dans le traitement de cette matière, comme nous le confie Pierre Harel, le créateur d’Atelier H. « J’ai toujours été fasciné par les matières minérales, et après avoir expérimenté avec des matériaux tels que la résine, je me suis interrogé sur comment créer des pièces de mobilier de grande taille en faisant usage de la pierre naturelle. Cette réflexion m’a mené à de nombreuses recherches et expérimentations, qui ont abouti à un procédé jamais employé auparavant : le travail de la feuille de pierre. » Le marbre
est la première matière étant sujette à cette expérimentation plastique visant à obtenir des « feuilles » de 7 millimètres d’épaisseur. Pour aboutir à ce résultat d’une grande finesse, un équilibre entre technologies contemporaines et savoir-faire artisanal est nécessaire. Dès le départ, le choix du bloc est crucial. Des veines trop nombreuses mèneraient à des cassures, choisir une pierre uniforme est alors nécessaire à la réussite de la transformation de la matière. La technologie entre ensuite en jeu, conjuguant modélisation 3D et découpe 5 axes. En résulte l’extraction de feuilles d’une telle finesse qu’elles sont capables de laisser traverser la lumière, désormais prêtes à se courber et se plier aux souhaits des mains du designer.
La versatilité de cette matière une fois transformée ne connaît que peu de limites. Son épaisseur d’une grande finesse rend possible la réalisation d’objets décoratifs aux courbes et aux angles nombreux, les feuilles s’assemblant les unes aux autres. Le premier projet porté par Atelier H et faisant usage de cette technique déposée est le grand lustre Medusa. Ses dimensions monumentales, dépassant le mètre, démontrent les nombreux possibles découlant de cette technique. Mais ce qui interpelle le plus est sans équivoque la translucidité de la matière. Le marbre laisse ainsi traverser la lumière, venant illuminer le lustre de l’intérieur et dévoiler les détails de la pierre qui se révèlent. Un rendu esthétique hors du commun où la pierre se fait légère, mais aussi économe. En effet, le travail du marbre par la technique de la feuille optimise la matière, permettant de diviser par dix la quantité de déchets produits, si nombreux au moment de la taille traditionnelle. Si le marbre a été le premier terrain d’expérimentation de Pierre Harel, il prévoit de bientôt démarrer une série d’essais sur d’autres matériaux minéraux. L’ardoise naturelle le fascine tout particulièrement pour la profondeur de sa noirceur, l’onyx et l’albâtre attisent également sa curiosité. Atelier H, aujourd’hui en plein développement, espère voir son innovation appliquée à de nombreux projets au travers notamment de partenariats qu’il souhaite nouer avec designers et architectes d’intérieur.
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