L’inspiration par la matière
À la tête du studio de design Cano Limarino se tient l’architecte et designer Adriana Cano Limarino. Inconditionnelle de la matière, et plus précisément du tissu, la jeune femme habille ses pièces de mobilier et espaces comme un vêtement de créateur. Connue pour repousser les limites du design conventionnel, Adriana Cano Limarino s’est fermement imposée comme l’une des pionnières dans son domaine. Portrait.
Née en 1993 à Moscou, en Russie, Adriana Cano Limarino grandit avec une mère russe et un père bolivien. Cette richesse multiculturelle lui donne envie de découvrir de nouveaux horizons et de se nourrir spirituellement. Ainsi, dès l’obtention de son diplôme à l’Institut d’architecture de Moscou, la jeune femme s’envole pour Barcelone avec la ferme intention de découvrir les bâtisses et
monuments avant-gardistes qui habillent les rues de la ville méditerranéenne.
Son expérience au sein de l’agence de Ricardo Bofill – Taller de Arquitectura – marque un réel tournant dans sa carrière. L’univers utopique de l’architecte espagnol et son approche radicale lui insufflent un nouvel élan. « Lors de cette expérience, j’ai étudié les nouvelles technologies, créé des projets en réalité virtuelle et travaillé avec des robots. Cela m’a probablement inculqué le désir de me concentrer sur l’avenir et de penser au-delà des normes. » La jeune femme s’envole alors pour Milan et fonde Cano Limarino, un studio de design spécialisé dans le domaine de la mode.
À travers le studio Cano Limarino, la designer et architecte imagine des espaces de caractère où la rêverie est autorisée. « Je souhaite que le spectateur s’immerge dans mes scénographies comme dans un film où l’atmosphère est emplie de féminité et de sensualité. Selon moi, l’architecture est assez neutre à cet égard et l’émotion qu’elle suscite concernant ces deux points est assez rare » affirme Adriana Cano Limarino. Les espaces que la designer conçoit pour ses clients s’inscrivent à la frontière de la fantaisie. Baigné dans des couleurs vibrantes emplies d’élégance, chacun des projets témoigne de l’héritage culturel transmis par ses parents.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la jeune femme laisse parler le hasard et le désordre dans ses multiples projets. Une manière de voir le monde différemment selon elle. « Je suis reconnaissante d’avoir l’opportunité de m’essayer à des échelles aussi variées. Cela me permet d’aborder mes projets différemment. » Que ce soit pour ses pièces de mobilier avant-gardistes ou ses projets de retail design pour des boutiques de prêt-à-porter, Adriana porte une attention particulière aux détails, aux textures mais aussi, et surtout, aux matières qui les composent. Un hommage à l’industrie de la mode qui l’anime depuis toujours.
« La mode réagit beaucoup plus activement à ce qui se passe dans le monde que l’architecture, surtout à grande échelle […] Ce domaine est une occasion unique d’utiliser l’aménagement de l’espace comme moyen d’expression, permettant ainsi une connexion plus étroite avec les personnes, leurs émotions et leurs expériences » affirme-t-elle.
Sa matière de prédilection ? Le tissu, sans aucun doute. Pensé comme une enveloppe protectrice, chaque tissu épouse la peau de celui ou celle qui le côtoie. Sa première collection Vinyl en est la preuve. De par leurs couleurs sombres, les pièces de mobilier révèlent l’audace qui sommeille en chaque femme. « Le thème de la sexualité présent ici n’est pas flagrant mais reste subtilement en arrière-plan, reflétant l’équilibre délicat que j’ai cherché à atteindre » ajoute Adriana. Ainsi, la designer s’amuse à habiller les deux fauteuils et le canapé
modulaire d’un tissu faisant écho au latex. Un hommage au personnage de Catwoman – joué par l’actrice Michelle Pfeiffer – dans le film Batman Returns (1992).
Cependant, l’une des assises se démarque avec sa robe à paillettes : « C’est la soliste de la collection. J’ai voulu montrer un contraste entre l’aspect festif du tissu et le béton qui compose la structure du fauteuil. Histoire de combiner à la fois l’architecture, la mode mais aussi le brutalisme. »
À l’avenir, Adriana Cano Limarino souhaite développer son studio et trouver une identité qui lui est propre : sensible et forte. Car à travers Cano Limarino, la designer se dévoile au monde qui lui fait face. « Selon moi, l’histoire que je vis à travers mon studio est synonyme de croissance et de force. » Affaire à suivre…
