Lorsque l’on pense « moquette », l’écologie n’est pas le premier terme qui nous vient à l’esprit. Pour cause, la matière première, le polyamide, est issue du plastique. Pourtant, Balsan, fabricant de moquettes, a été visionnaire dans son approche écologique depuis les années 1970, faisant de son usine un modèle vert français.
Entreprise textile historique issue d’une Manufacture Royale, Balsan s’est orientée vers le revêtement de sol dans les années 1950, adoptant la technique du « tufting » importée des États-Unis. Rapidement, elle prend conscience de l’impact environnemental de son activité. « Dans l’imaginaire collectif, la production de moquettes nécessite beaucoup d’énergies, consomme des quantités d’eau importantes et met en œuvre des matières premières plastiques » nous explique la société française. En effet, le polyamide, plus résistant et durable, est le matériau le plus adapté aux secteurs tertiaire et hôtelier, principaux marchés de l’entreprise.
Implantée dans le domaine forestier de Châteauroux, Balsan a souhaité répondre à ces défis environnementaux dès 1973 avec sa démarche « Green Spirit ». Une initiative visionnaire qui la conduit à réduire ses consommations d’eau et d’énergie, son empreinte carbone mais aussi à repenser la conception de ses moquettes. L’économie circulaire est au cœur de cette démarche et le remploi des matériaux est donc primordial, tant dans la gestion de fin de vie des articles que dans le choix des matières premières comme le fil polyamide. Ce dernier étant actuellement incontournable dans le domaine, Balsan s’est engagée à exploiter son potentiel tout en recherchant des alternatives durables. C’est notamment auprès de l’entreprise italienne Aquafil qu’elle se fournit. Leur fil Econyl®, fabriqué à partir de filets de pêche récupérés dans les océans, présente les mêmes caractéristiques que le polyamide traditionnel, ce qui en fait un matériau écologique et social, soutenant l’économie locale dans sa collecte.
Dans cette démarche de revalorisation des déchets, Balsan a également repensé la sous-couche de ses moquettes. Tous ces éléments acoustiques sont réalisés à partir de bouteilles recyclées dans une proportion de 80 % à 100 %. Cette évolution vers l’écoconception, la société l’envisage comme une valeur centrale qui accompagne la créativité de ses collections.
Avec près d’une dizaine de nouvelles collections chaque année, Balsan explore le potentiel créatif de la moquette, considérant le sol comme « un moyen d’expression à part entière ». Pour ce faire, elle étend sa palette de couleurs en déployant son expertise à la fois en teinture et avec du fil teint dans la masse. Les nuances beaucoup plus profondes offrent un support propice à la créativité. En témoignent les collections Take a Walk en référence aux couleurs changeantes des forêts du Berry et Wild Nature, inspirée du monde végétal, minéral et aquatique.
Son engagement artistique se déploie également dans la création contemporaine. Chaque année dans le cadre de la Paris Design Week, Balsan collabore avec un artiste dans la création d’une scénographie et d’un motif de moquette. « En 2023, nous avons fait appel à l’artiste plasticien William Amor dont le travail résonne avec notre engagement écologique », souligne l’entreprise. À partir de déchets du quotidien et de matières délaissées, ce dernier crée des œuvres engagées et poétiques. C’est un univers graphique et floral qu’il a imaginé pour habiller le showroom parisien de Balsan. Née des rebuts et des chutes de production de l’usine, une cité architecturale s’est déployée sur le sol, où la notion de symbiose est omniprésente. Toutes les qualités de la moquette se révèlent dans un camaïeu de magentas choisi par l’artiste, créant des reliefs, des ombres et des volumes.
Cette collaboration incarne la volonté de Balsan d’allier la création artistique à une approche respectueuse de l’environnement, offrant aux générations à venir un champ de possibilités prometteur.