La réflexion de Lionel Jadot pour l’hôtel MIX Bruxelles valorise le travail d’artistes et designers basés dans la capitale belge. Ce projet est à l’image de Zaventem Ateliers, un hub créatif réunissant 24 artistes et 32 designers, qu’il a créé en 2018.
En fait, je ne suis ni l’un ni l’autre : je suis un autodidacte fermement inspiré par la création et la construction de lieux et soucieux de faire naître des atmosphères fortes et radicales avec un engagement dédié à la création locale et contemporaine, tourné vers la collaboration horizontale. En résumé, je n’ai jamais arrêté de construire des cabanes depuis mon enfance.
Vos projets sont basés sur le respect des matériaux et le réemploi. Comment votre travail est-il impacté par ces valeurs ?
C’est la base. Je viens d’une longue lignée d’artisans dans ma famille, le respect des matières est dans mon ADN depuis toujours.
Je n’agis jamais à la légère avec les matériaux. Je tente d’être attentif aux gisements de matériaux à réutiliser qui m’entourent, je cherche, je suis curieux, je pousse des collaborations avec d’autres créateurs soucieux de cela aussi, et surtout je provoque l’improvisation, ce qui apporte de la poésie.
C’est le principe du « loose control », la fraîcheur d’une collaboration est vraie et juste quand la confiance et la liberté sont présentes. Je provoque ces collisions honnêtes en permanence, je tente de pousser certaines frontières et je regarde ce qu’il se passe.
Le bâtiment d’origine est une icône dans le paysage bruxellois, un bâtiment solitaire fonctionnaliste posé sur l’eau et entouré de nature, construit en 1969 par Dufau et Stapels, en béton, acier Corten et verre fumé.
Ce lieu, je le connais depuis que je suis tout petit, il est magnétique.
Quand nous avons gagné le concours pour en designer près de 25 000 m2 (hôtel, bar, restaurant, immense club de sport, espaces wellness, coworking, comeeting, food court, etc.), la portée et l’implication de cet acte devenaient politiques. Nous ne pouvions pas agir autrement que faire de ce lieu un ambassadeur de la création belge contemporaine en collectible design.
Cela devait être radical ! Nous avons analysé le bâtiment pour en sortir un alphabet de formes et de matières pour continuer ensuite la partition et concevoir des « sculptures » qui rassemblent des fonctions.
Ensuite, nous avons réalisé un casting de designers et les avons invités à collaborer avec nous, en laissant sciemment des « cadres » libres, pour leur donner une pleine liberté.
Forcément, tous les designers de Zaventem Ateliers sont impliqués et on en a engagé 27 autres. La mission était fondamentale : réaliser un projet de 25 000 m2 avec du collectible design, c’est-à-dire une vraie collection numérotée et signée par près de 52 designers belges ou basés en Belgique.
Financièrement, le projet est vertueux car pas d’intermédiaires, les studios de design sont mis en contact direct avec le client final et uniquement pilotés par nous. C’est clean, honnête et pur. Nous avons nommé ce mode de fonctionnement le « Realistic Circle ».
À l’arrivée, mon client a une collection unique de designers, un catalogue de la création contemporaine en collectible design belge.