Venice Simplon-Orient-Express • © Belmond Images
Un siècle après sa création, le Venice Simplon-Orient-Express continue de faire voyager à travers l’Europe une certaine idée du style empruntée à l’Art déco.
Retour sur la renaissance d’un mythe qui nous réserve encore bien des surprises… artistiques.
Tout a commencé en 1926 avec la construction du premier wagon du Venice Simplon-Orient-Express en Belgique. Au fil des décennies, d’autres wagons viendront se rattacher, rallongeant toujours un peu plus la légende de ce train pas comme les autres, véritable palace sur rail pour voyageurs raffinés…, avant que l’histoire ne recommence un siècle plus tard. Nous sommes en 1977 chez Sotheby’s à Monte-Carlo : dans la salle des ventes, James Sherwood, le fondateur de Belmond, aperçoit deux wagons du célèbre train et enchérit illico. Il faudra ensuite un peu de patience pour retrouver les autres wagons, dix-sept au total, chacun emportant avec lui son lot d’anecdotes et faits notoires. Le 3309 ? C’est celui qui fut abandonné au milieu de la neige en 1929, inspirant plus tard le célèbre Crime de l’Orient-Express d’Agatha Christie. Le 3425, lui, servit au roi Carol de Roumanie pour s’enfuir avec sa maîtresse, tandis que le 3544 a même fait office de bordel quelque part vers Limoges pendant la Seconde Guerre mondiale. Quel que soit leur numéro, tous ont en commun cette carrosserie bleu marine et crème si reconnaissable. Si elle est aussi rutilante aujourd’hui, c’est que Belmond a tout mis en œuvre pour retrouver le faste d’antan de ces joyaux Art déco, souvent signés par les grands noms de l’époque comme René Lalique ou René Prou ou encore Dunn, Maple, Morrison, Nelson, désormais moins célèbres mais tout aussi cotés à l’époque. Ça n’a pas empêché pour autant quelques améliorations dans les Cabines historiques et les Grand Suites et surtout la création de Suites, confiées à Rachel Johnson chez Wimberly Interiors à Londres. Géométries implacables des lignes ou évocations florales, le vocabulaire Art déco a été réinterprété ici sans perdre de vue le confort des velours et des banquettes douillettes.
La Campagne, Les Montagnes, La Forêt, Les Lacs, autant de noms qui évoquent les paysages traversés par le Venice Simplon-Orient-Express, traduits jusque dans les moindres détails par des artisans chevronnés. Ainsi Éloïse Baro a minutieusement réalisé chacun des motifs des mosaïques, Rubelli a mis à disposition ses meilleurs savoir-faire textiles et Philippe Allemand a réussi à transposer en marqueterie les motifs les plus complexes. De leur côté, Nicolas Diverchy, souffleur de la Verrerie du Marais, et Sébastien Denizard, tailleur de verre, ont travaillé main dans la main pour que chaque élément en verre soit impeccable. Et pour ceux qui en redemandent, Belmond vient de dévoiler une petite surprise lors de la dernière Biennale de Venise : la reine des suites signée JR. Bienvenue dans L’Observatoire, un wagon-suite à la limite de l’ovni immersif où l’artiste a laissé libre cours à son imagination et à sa passion d’enfance pour les trains. Tout en rondeurs, le volume décline tous les espaces possibles imaginables : chambre, lits, salle de bains, les classiques sont là bien sûr, mais aussi une bibliothèque et un salon de thé secret avec sa cheminée. Ou comment propulser l’héritage des années 1930 et ses codes du voyage dans une nouvelle ère de la création. Que ce soit à travers les wagons-restaurants Étoile du Nord, Côte d’Azur, L’Oriental ou dans les cabines, le Venice Simplon-Orient-Express fait défiler des années de décoration wagon après wagon. Ne reste plus qu’à trouver l’ambiance de votre choix et évidemment la destination de vos rêves… Vienne, Prague, Budapest, Istanbul, l’Europe est grande ouverte.