Depuis sa création, Petite Friture s’impose comme un éditeur de design à part, cherchant à « faire émerger le bien du beau ».

Petite Friture, pour un design engagé

Par Louise Conesa

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Si la maison française a marqué les esprits par ses pièces audacieuses, elle met aujourd’hui en lumière ses engagements pour un nouveau modèle entrepreneurial à la « force positive ». Rencontre avec Amélie du Passage, fondatrice de Petite Friture.

En créant Petite Friture, quelle était votre ambition ?

Petite Friture est née d’une passion pour le design contemporain qui, il y a treize ans, était peu présent sur le marché français. Pourtant, la création était active, avec des talents et des projets admirables qui n’étaient jamais édités. C’est ma rencontre avec Constance Guisset et sa lampe Vertigo qui m’a poussée à créer Petite Friture en 2010. L’ambition première était de mettre en avant ces créatifs aux idées audacieuses, optimistes et intemporelles, et le succès a été immédiat avec l’édition de Vertigo. Nous y retrouvions la forme archétypale de l’abat-jour, actualisée par ses lignes hors norme, son graphisme et sa légèreté.

La durabilité est-elle essentielle pour vous ?

C’est une notion transversale chez Petite Friture. Elle débute à travers les créatifs avec qui nous collaborons et partageons la même vision du design, puis avec le projet que nous imaginons ensemble. Il est important de savoir combien de temps les produits vont durer, tant dans la conception que dans le dessin. Cela nous oblige à prendre le temps pour chaque collection. Chez Petite Friture, nous avons l’art de pousser les projets qui, malgré leurs aspects épurés, sont parfois d’une grande complexité. À l’image de notre dernier luminaire, Neotenic, avec le studio Jumbo. Fabriquée par des artisans céramistes au Portugal, sa forme courbe a requis de nouvelles réflexions sur le processus de création. Du moule à la technique de séchage particulière afin d’obtenir une qualité constante pour chaque produit.

Cette notion s’inscrit-elle également dans le choix des matériaux ?

Dès le début, nous nous sommes engagés dans des choix forts que nous essayons d’améliorer au fil des années. En plus d’une attention sur la qualité et l’origine de nos matières premières, nous prêtons un grand intérêt à leur recyclage. Créer des produits à l’esthétique intemporelle, c’est également l’envie de les faire perdurer chez nos clients. Dès la conception, nos nouvelles créations sont ainsi imaginées démontables et donc réparables grâce à des pièces détachées que nous mettons à disposition. Une double action qui permet de faire vivre plus longtemps nos pièces et d’optimiser le recyclage. Nous sommes déjà très heureux que 67 % de nos produits soient démontables ou en monomatériaux !

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Travailler de manière locale était alors évident pour vous…

En effet, c’est là que le local prend sens. Si être proches de nos fournisseurs, de nos designers et même des matériaux employés nous permet de suivre chaque étape de construction et d’offrir une totale transparence à nos clients, cela nous offre surtout la possibilité de rebondir facilement sur des contraintes de productions. De visiter les usines, de discuter directement et de trouver une solution ensemble dans un vrai dialogue entre tous les acteurs du projet.

Depuis cette année, Petite Friture est une entreprise à mission. Quel est ce statut ?

Le statut d’entreprise à mission existe en France depuis 2019. Il offre la possibilité aux entreprises d’ajouter une valeur sociale ou environnementale à leur objectif économique. Présent dans l’ADN de Petite Friture, ce statut est le prolongement de nos engagements, mais de manière légitime. Nous souhaitons prouver qu’un autre modèle d’entreprise est possible. Plus vertueuse pour l’homme et pour la planète.

Allez-vous encore plus loin dans vos missions sociales ?

L’aspect social est propre à Petite Friture. Car, pour nous, un bon design, c’est avant tout une histoire de coopération. Dès 2010, nous avons amorcé une coopération avec APF France handicap, à qui nous avons confié la fabrication de Vertigo. Aujourd’hui, nous souhaitons étendre nos ambitions de manière locale. Installés à Montreuil, nous avons décidé depuis deux ans d’ouvrir les portes de notre showroom afin de créer un espace d’échanges entre notre écosystème de créatifs et la communauté locale. À travers des dîners, des workshops et des conférences ouverts à tous. Mais nous voulons aller encore plus loin les prochaines années. En oeuvrant en faveur de l’insertion avec des associations, mais aussi en accompagnant des porteurs de projets à travers un programme de mentorat. Ce sont des dialogues enrichissants pour tous et qui créent un véritable lien social et local.

En plus de ces projets sociaux, que souhaitez-vous développer chez Petite Friture ?

Petite Friture s’est construite aux côtés de l’industrie. Nous réalisons des séries que nous stockons pour certaines, et pour d’autres, nous réussissons à les réaliser à la commande. C’est vers cet aspect que nous souhaitons nous développer prochainement. En créant des pièces uniques, encore plus surprenantes, et en poussant ainsi les curseurs de la créativité.