Studio Ki

Par Juliette Sebille

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AI-Driven Series, Caroline Keslassy • © Studio Ki

3 questions à Caroline Keslassy, architecte d’intérieur, fondatrice de Studio Ki

Fascinée par la tech, Caroline Keslassy donne vie à des pièces qui captivent par leur présence et leur photogénie. En 2024, l’architecte d’intérieur a fondé Studio Ki, un laboratoire de création où dialoguent design de collection, expérience immersive et intelligence artificielle. Formée dans la Silicon
Valley, puis à l’académie des Arts de San Francisco, elle inscrit ses projets dans une dynamique prospective, connectée aux réalités de notre ère.

Que voulez-vous raconter à travers Studio Ki ?

J’ai toujours abordé les projets d’architecture intérieure de façon globale, jusqu’à la conception des poignées de porte. En ce sens, je faisais déjà du design de collection. C’est dans cette logique que j’ai fondé cette nouvelle entité dédiée à la création de pièces uniques et de petites séries, mêlant art, design et technologie.
Studio Ki place la relation aux objets au cœur du processus de création. Chaque pièce appelle l’émotion et l’engagement. Que ce soit par sa fonction, son lien avec l’art digital ou sa symbolique, elle véhicule un message et invite à l’interaction. Je l’envisage comme un personnage, doté de caractère et de singularité, que je traduis avec des attributs design et une narration spécifiques.
Par exemple, lors de Thema, j’ai présenté la ligne Gaia : une série sculptée à la main en collaboration avec l’artiste chilien Abel Cárcamo, mise en scène à travers une expérience de tarot digital. En parallèle, je propose des capsules créées avec l’IA. Toutes les pièces sont nommées selon un code unique qui reflète leur essence : une lettre pour la fonction, un numéro pour la narration, un symbole pour la production, et une dernière lettre pour la matière.

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Qu’est-ce que l’IA apporte à votre processus créatif ?

Je pars toujours d’un dessin, d’une idée et d’un narratif pour guider l’outil. Bien que le processus soit aussi long, le rendu est bien plus précis qu’avec un logiciel 3D classique. Ces images inédites intègrent des variations que l’on n’aurait même pas imaginées, comme la profondeur d’une couture ou le placement d’un pli. Cela réduit considérablement le temps et les coûts liés aux prototypages.

L’IA est un formidable assistant de conception qui pousse la création au-delà des limites traditionnelles. Elle me permet de tester en temps réel des détournements de matériaux et d’imaginer des combinaisons audacieuses adaptées aux usages et modes de vie qui évoluent très vite. Libérée des délais de conception du mobilier, souvent longs, je peux faire émerger mes projets à une vitesse exponentielle.
Une fois les pistes créatives validées, l’IA n’intervient plus. Je reprends le travail de modélisation, de plans et de spécifications pour les ateliers. L’IA agit comme un outil de transition entre la phase conceptuelle et la fabrication, un levier pour affiner mes intentions et gagner en fluidité dans ma démarche créative, mais elle reste une innovation au service du designer.

Quelles sont les prochaines étapes pour Studio Ki ?

Mes premières pièces conçues avec l’aide de l’IA sont actuellement en production, notamment une série que j’ai dessinée pour une prestigieuse maison d’édition brésilienne. Et début 2025, j’inaugurerai la KI Suite à Paris, un lieu hybride, entre showroom et événementiel autour des créations de Studio Ki. •

photo : AI-Driven Series, Caroline Keslassy • © Studio Ki