Tu as étudié à l’École Boulle en ébénisterie. En quoi cette formation a-t-elle influencé ton approche du dessin et de la composition ?
J’y ai beaucoup gagné en technicité et en précision. Je me souviens parfaitement de notre tout premier exercice à l’atelier : chacun à son établi, le professeur nous demande simplement de tracer un trait tous les 5 cm sur un bout de bois d’environ 40 cm. Rien de plus.
Avec mes camarades, on s’est regardés un peu interloqués, en se disant qu’il nous prenait peut-être pour des amateurs — enfin, on ne comprenait pas vraiment l’intérêt. On a tous réalisé l’exercice en trois ou quatre minutes, puis, un par un, on est passés au bureau pour la correction. Le chef d’atelier sort son réglet, et là… surprise : cinq points en moins à chaque fois qu’un trait n’était pas exactement à la bonne mesure — au centième de millimètre près. Résultat : zéro pour tout le monde.
Ça donnait le ton pour le reste de l’année !
Cette rigueur et cette exigence m’ont beaucoup marqué. J’y ai aussi découvert de nombreux médiums que je n’aurais sans doute jamais expérimentés autrement.
Comment s’est faite ta transition du travail du bois au tatouage ?
Assez naturellement, en fait. Tout commence toujours par un dessin, que ce soit pour concevoir un meuble ou imaginer un tatouage. La différence, c’est la finalité.
Ce qui m’a attiré dans le tatouage, c’est la liberté de création. Avec le bois, il y a beaucoup de contraintes : les machines sont coûteuses, surtout quand on a 18 ans, et les matériaux aussi, le bois étant une matière noble.
Le tatouage, lui, m’a permis de me libérer de ces contraintes matérielles et d’explorer une autre forme d’expression à travers le dessin.
Ton style est très identifiable : lignes fines, géométrie, symboles… Comment as-tu construit cet univers graphique ?
J’ai toujours été attiré par les formes géométriques. Au collège déjà, je dessinais beaucoup de rosaces avec mon compas — un outil que plus personne n’utilise aujourd’hui, à part moi, je crois !
Je faisais aussi du lettrage, style graffiti, mais toujours très structuré.
À Boulle, les cours de dessin technique ont renforcé ce goût pour la précision presque chirurgicale. C’étaient des cours que j’adorais, je m’y sentais vraiment à l’aise. Aujourd’hui encore, je m’en sers quotidiennement dans mes compositions, notamment pour mes toiles.
Quand je commence un nouveau dessin, je cherche à créer une forme d’évasion, quelque chose d’apaisant, avec des paysages très graphiques. On y retrouve souvent des sphères qui évoquent le soleil ou la lune, avec différentes tailles pour suggérer un coucher de soleil ou les phases lunaires. Il y a aussi souvent des collines qui rappellent un bord de mer à l’horizon.
Mon univers, c’est donc ce mélange : un style très doux, astral, mêlé à des constructions parfois complexes, presque mécaniques.
Quelles sont tes actualités à venir pour 2025 ?
En juin prochain aura lieu mon exposition solo à la galerie FauveParis, place des Vosges, pendant un mois. Le vernissage est prévu le 19 juin et il sera ouvert au public.
Je présenterai aussi mes premières œuvres sculptées en bois, un retour aux sources en quelque sorte.
Et pour la fin d’année, deux autres projets : une seconde exposition dans un hôtel 5 étoiles à Paris, et la direction artistique complète d’un grand événement de basket sponsorisé par Adidas — terrain, panier, maillots… jusqu’au ballon !