L’inspiration par la matière
Ripple chair, Arthur de Menezes • © Arthur de Menezes
CRÉER L’IMPRÉVISIBLE
Le travail d’Artur Menezes semble indissociable d’une notion : celle de pluralité. Designer industriel, créateur de mobilier, mais aussi concepteur de projets numériques, le créatif originaire du Brésil et aujourd’hui installé à Barcelone assume une pratique qui par sa nature se veut illimitée. Cette vision, il la doit en partie à ses études et à son parcours hors du commun, comme il nous le confie, « Mon parcours vers la conception a été tout sauf conventionnel. Au départ, j’ai travaillé dans le domaine de la technologie, plus précisément dans le secteur du suivi des véhicules. Cette expérience m’a naturellement conduit à poursuivre des études en génie électrique. Cependant, j’ai fini par réaliser que ce n’était pas la voie qui me convenait. Heureusement, pendant que j’occupais ce poste, j’ai découvert les outils 3D. Ce qui n’était au départ qu’une curiosité s’est rapidement transformée en passion, puis en obsession. Ceci est devenu le catalyseur de ma décision de m’orienter vers une carrière dans le design industriel. »
En 2017, il obtient son diplôme de l’université Unopar, dans sa ville natale, Londrina. Une période clé pour lui, car c’est ici qu’il rencontre le professeur Joao Nehring qui fera naître sa passion pour le design de mobilier et d’objets. À son arrivée à Barcelone, il décide d’approfondir sa compréhension du milieu et décroche un Master en Design en nouveaux matériaux à l’Elisava, l’École de design et d’ingénierie de Barcelone. Durant ces années de recherche et d’explorations, il pose les jalons de sa vie professionnelle en tant que designer, le menant à devenir directeur de la conception produits du prestigieux studio Six N. Five, avant de lancer son propre studio avant de lancer son propre studio sous son nom.
L’EXPLORATION COMME MÉTHODE DE CRÉATION
Le caractère futuriste des créations d’Artur de Menezes trouve son origine dans ses recherches, mais également dans son constant désir d’expérimentations, venant rythmer son processus créatif. « Je compare toujours la bonne conception à des blagues, non pas dans le sens de la comédie, mais dans la façon dont elles fonctionnent concrètement. Pour qu’une blague soit drôle, elle doit déformer vos attentes, et la conception fonctionne de la même manière. Au fil des ans, je m’en suis rendu compte par l’expérience. L’esquisse à la main et l’exploration numérique des formes, souvent sans intention précise, m’ont aidé à développer un processus de conception qui accepte les erreurs et les fautes. Que ce soit par le biais de simulations numériques ou en revisitant un croquis fait au hasard il y a plusieurs mois, j’ai découvert que ces moments d’imprévisibilité peuvent déclencher de nouvelles idées et aboutir à de nouvelles solutions. Cette approche me permet de jouer avec l’inattendu et même de me surprendre moi-même », explique le designer. Une quête de la surprise qui le mène également à travailler avec des outils digitaux. Parmi ses logiciels de choix, Houdini, Redshift, et Photoshop, l’IA devenant peu à peu terrain d’expérimentation pour celui qui place l’imprévisibilité au cœur de sa pratique.
DE L’ESSAI À LA RÉALISATION
Les projets d’Artur de Menezes se distinguent en trois catégories : conception, expérimentation et mouvement. D’un côté la création de mobilier, de l’autre les essais lui servant de base, et enfin la mise en mouvement de ces objets par le biais de logiciels. Un triptyque créatif qui témoigne de l’importance de l’outil numérique dans son travail, mais ne supprime en rien la valeur du rapport à la matière central dans la conception de ses collections. « Les matériaux ne se contentent pas de façonner les objets, ils transmettent des intentions et évoquent des sentiments à travers leurs couleurs, leurs textures et même leurs odeurs. Leur travail et les nouvelles technologies vont main dans la main pour moi, et je suis curieux de voir comment cette intégration continuera à évoluer et à façonner notre vie quotidienne dans un avenir proche. » •
