Cette nouvelle adresse parisienne revisite l’expérience du restaurant par le biais du cinéma.

Atica, l’invitation au voyage

Par Lisa Agostini

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Écran et gastronomie. Voilà une équation qui pourrait faire peur. Et pourtant, force est de constater qu’elle a tout pour fonctionner chez Atica, nouvelle table que l’on doit à son fondateur Ramzi Saade. Ce dernier, amoureux de voyage, de culture et de gastronomie, a condensé ses passions dans un seul et unique lieu, mis en musique par l’architecte Chloé Leymarie.

Niché dans le 5e arrondissement, Atica se veut comme une invitation au voyage. Le premier espace où les convives s’installent, au rez-de-chaussée, évoque avec délicatesse et élégance les codes des aéroports, des bateaux ou du train, à grand renfort de bois de bouleau chaleureux, de métal brossé, de béton, et d’un splendide plafond en lattes de miroir. Un jeu de matières et de couleurs faussement neutres que l’on retrouve au niveau de l’entrée, où siège le comptoir d’accueil et du vestiaire en inox et chêne clair. Épuré tout en étant cossu, cet espace fait office de lieu d’exposition, qui met en lumière la thématique du moment.

Pour sa première saison, Atica célèbre ainsi la culture basque, au travers des sculptures, et évidemment par le biais des sens. Une découverte qui débute au bar, via un cocktail accompagné d’amuse-bouches, et se poursuit dans l’escalier, habillé de béton ciré, qui mène au sous-sol. L’heure est à l’expérience olfactive. Se dégage alors un parfum, toujours et encore en phase avec la saisonnalité, comme pour passer d’un état à un autre, de la lumière à l’ombre.

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Au niveau du deuxième palier, la luminosité diffusée par des panneaux en plexiglas se fait plus douce, le blanc disparaît progressivement au profit du marron et du noir. Il est enfin temps de découvrir le cœur de ce projet, situé au sous-sol de cet ancien cinéma, dans la salle de projection, qui, d’après la légende, aurait accueilli la première projection d’Alice au pays des merveilles en 1951. Son nom ? Le beurrier. La faute à sa forme pyramidale tout en courbes. C’est ici que la magie opère, une fois la lumière éteinte, et que les huit projecteurs de cinéma se mettent en marche. Ainsi, les 46 convives pourront déguster leur menu en cinq ou trois temps, rythmé par six actes cinématographiques projetés sous leurs yeux, évoquant les paysages et les artisans de la terre euscarienne. Plongé dans le noir, l’espace n’en est pas moins travaillé. Son sol se pare de terre cuite aux tonalités sombres, et fait ainsi écho aux banquettes en chêne teinté chocolat foncé et habillées de tissus noirs. Une pièce de mobilier sur mesure, également pensée par Chloé Leymarie, metteuse en scène des lieux. L’architecte a également pris soin de dessiner des soubassements en bois noir, soulignés par des bandes LED rétroéclairées au sol. D’ailleurs, peu de lueurs se manifestent ici-bas, seules quelques lampes posées sur les tables accrochent l’œil du visiteur. Leurs plateaux ont ainsi été retravaillés pour minimiser le moindre reflet. Atica propose ainsi un voyage réjouissant entre ombre et lumière. •

Year: 2024
Address: 8 rue Frédéric Sauton, 75005 Paris
Space design: Ramzi Saade and Chloé Leymarie
Materials: Wood, metal, concrete and mirror slats
Surface: 300 sqm

photos : Atica Restaurant, Ramzi Saade and Chloé Leymarie, Paris, 2024 • © Jean-Baptiste Thiriet