Lors de l’édition parisienne d’Art Basel, le designer Alexander Diaz Andersson livrait pour la première fois en France sa vision d’un design intemporel, entre futurisme et artisanat. Aujourd’hui, il nous donne le mode d’emploi de son approche.
Depuis la création de son studio Atra en 2014, Alexander Diaz Andersson façonne un langage créatif où se mêlent concepts futuristes et techniques traditionnelles. Son double héritage suédo-mexicain y joue un rôle clé. « La beauté naturelle de la Suède a un aspect ancien, contenu, qui apporte un sentiment de simplicité sereine. À l’inverse, la culture mexicaine riche s’inspire de civilisations mésoaméricaines et de sa nature, brute et diverse », explique le designer. Ses premières pièces allient ainsi les lignes nettes et raffinées scandinaves aux formes organiques et aux techniques artisanales latino-américaines. Mais au fil du temps, sa vision s’est affinée pour explorer la nature et des idées plus abstraites avec une question centrale : comment créer des objets qui resteront à l’épreuve du temps, dans 100 ans ?
Sa première collection Atra 2100 en est la réponse. Une série de tables et d’assises aux formes voluptueuses qui défient les perspectives conventionnelles sur les valeurs, les aspirations et le mode de vie du futur. « Nous réfléchissons alors à la manière dont ces objets interagiront avec le monde dans 100 ans, nous mettant continuellement au défi de définir ce qui fait un design intemporel », souligne-t-il. Pour le créateur, l’objet doit non seulement résister aux tendances esthétiques et éphémères, mais aussi rester fonctionnel. La combinaison de l’artisanat traditionnel et des technologies avancées a permis au studio de créer des pièces durables. Cependant, Alexander Diaz Andersson va plus loin, cherchant sans cesse de nouvelles solutions et améliorations pour perfectionner ses créations.
Son exposition “ Care instruction ” , présentée à Paris, poursuit cette réflexion amorcée avec Atra 2100, en explorant l’intégration du mobilier de luxe dans la vie quotidienne. Le titre même soulève l’idée de concevoir des objets qui transcendent le temps et auxquels nous apportons un soin constant pour qu’ils perdurent. « En rayant le mot “ Care ”, nous interrogeons subtilement la nécessité d’un entretien traditionnel, car ces pièces sont fabriquées pour durer des générations », confie Alexander. À cette fin, il a ainsi imaginé Skin, une housse en silicone ajustée et conçue pour les canapés Beluga. « Nous avons choisi la silicone pour sa résilience et ses qualités tactiles ; contrairement au plastique, elle a un aspect organique plus agréable. » Cette seconde peau préserve l’objet. Elle lui assure sa longévité tant physique que fonctionnelle. Translucide, elle laisse entrevoir la forme originale du canapé tout en créant une superposition subtile de matières qui enrichit l’expérience. •
L’intelligence artificielle influence-t-elle votre vision du design ?
L’intelligence artificielle (IA) est devenue un outil précieux dans notre processus, principalement pour la recherche de matériaux et de méthodes de production innovantes. Elle joue un rôle dans notre vision de l’avenir, qui est résumée dans notre récit Earth 2100 présenté à l’occasion de Design Miami 2021. C’est une vision utopique où l’IA permet à l’humanité de vivre en harmonie avec la nature, en faisant progresser les technologies qui exploitent et génèrent de l’énergie de manière durable. À mesure que l’IA prendra en charge les tâches répétitives, nous pensons que l’humanité se concentrera davantage sur l’exploration et l’amélioration de soi. Notre théorie envisage un mode de vie nomade dans lequel les gens vivraient dans des vaisseaux avancés, voyageant à travers la Terre et potentiellement même vers d’autres planètes.
Comment intègre-t-elle votre processus créatif ?
Les outils de l’IA, tels que ChatGPT, ont joué un rôle déterminant dans l’élargissement de mes recherches au-delà des sources traditionnelles comme Google. Ces outils contribuent à la rationalisation des processus tels que la création d’organigrammes et l’optimisation des structures internes de fabrication et d’administration. Bien que j’utilise principalement l’IA pour l’aspect commercial et opérationnel de mon travail, elle s’est avérée inestimable pour me permettre de me concentrer sur des projets créatifs.
L’utilisez-vous également dans la conception ?
J’utilise l’IA principalement à des fins exploratoires, par exemple pour expérimenter des matériaux et des concepts d’éclairage. Cependant, je ne me fie pas à l’IA pour des tâches de conception spécifiques, comme la conception d’objets ou d’espaces architecturaux. J’ai généralement une vision claire que j’esquisse et que je visualise occasionnellement avec les outils de rendu de l’IA. •