Tom Ducarouge nous fait lire entre les lignes.

Jeu de pleins et de vides

Par Aurore De Granier

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Tables du Prix LVMH, Tom Ducarouge, 2025 © Martin Cayssilié



Le 3 septembre dernier, le Prix LVMH annonçait ses lauréats pour l’année 2025. Et pour la première fois, le jury, composé des plus grands acteurs du luxe, prenait place autour des tables imaginées par le designer Tom Ducarouge.

Le jeune créateur formé entre Paris et Londres, sorti diplômé en 2020 de la prestigieuse Central Saint-Martin en design industriel, s’est vu confier la création de la nouvelle table devant accueillir les juges du Prix LVMH. Un projet d’envergure sur lequel le créateur et son équipe sont arrivés via l’intermédiaire de Bureau Betak. « Nous avions déjà collaboré avec Bureau Betak par le passé. Parmi nos projets communs les plus importants, la création de 650 tabourets pour un défilé signé Gucci. Lorsque LVMH les a approchés pour dessiner la nouvelle table qui accueillerait le jury de leur Prix, Bureau Betak nous a sollicités pour proposer un objet qui entrerait en adéquation avec la scénographie qu’ils avaient imaginée. Nous avons alors proposé sept dessins différents, et deux d’entre eux ont retenu leur attention. En juillet dernier, le groupe sélectionnait le dessin de ces trois tables qui trônaient le 3 septembre dernier dans la salle du jury », se souvient Tom Ducarouge.

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Avant d’en arriver à ce produit fini, c’est toute une histoire qui s’est écrite. À commencer par celle du dessin de ces trois tables pensées comme un ensemble. Pour Tom Ducarouge, tout projet de design produit se doit avant tout de raconter une histoire. Une valeur centrale à l’ADN du studio, qu’il combine au cahier des charges. « Nous avons souhaité créer un effet de surprise. Lorsque les trois tables sont assemblées les unes aux autres, un dessin apparaît entre leurs plateaux, dans un jeu de pleins et de vides : celui de l’étoile du Prix LVMH. »

L’histoire d’un dessin, mais aussi d’un matériau. Après de nombreuses recherches et propositions, c’est finalement une version en acier inoxydable qui est retenue par les designers et commanditaires. « Nos délais étaient relativement courts, et le choix de notre matière a ajouté un défi aux ateliers Héphaïstos, à Caen, à qui nous avons confié la réalisation des tables. Nous avons souhaité travailler avec de l’inox 6 mm, au lieu des tôles plus fines souvent utilisées en design. Cette décision a mené à une longue recherche de tôles adaptées au projet, ce matériau étant habituellement utilisé en industrie. Mais l’atelier a su dénicher des pièces de qualité, et a apporté toute son expertise dans la réalisation des finitions », commente Tom Ducarouge.

En effet, suite au choix d’utiliser un matériau industriel, la question des finitions s’est avérée cruciale pour aboutir à l’objet souhaité. Ainsi, une attention toute particulière a été portée à la réalisation des soudures raccordant les pieds des tables à leurs plateaux, se devant pour ainsi dire d’être invisibles. Le temps de ponçage a lui aussi été considérable, nécessitant des dizaines d’heures de travail pour aboutir au résultat que l’on découvrait le 3 septembre. Un travail colossal auquel s’est ajoutée une finition thermolaquée, servant à la fois à lisser les arêtes, mais aussi à capter la lumière sans éblouir, tout en limitant les traces laissées par le passage des mains de ses utilisateurs. « L’acier inoxydable est une matière très vivante, et dans ce cas nous avons choisi une version plus brute, qui va pouvoir prendre du caractère, et perdurer, car les traces de son usure, de son utilisation, font déjà partie de son identité », ajoute le designer.

L’assurance que le trio de tables devrait voir défiler devant lui les nombreux lauréats du Prix LVMH des années à venir. •

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Année : 2025
Adresse : Paris, France
Design d’espace : Tom Ducarouge en collaboration avec Bureau Betak
Matériaux : acier inoxydable, tôle industrielle et finition thermolaquée
Surface : N/A

photos : Tables du Prix LVMH, Tom Ducarouge, 2025 © Martin Cayssilié