Thomas Lelouch and Clémence Mars • © Alexandra Mocanu
En janvier dernier, à l’occasion de Maison&Objet in the City, Clémence Mars et Thomas Lelouch dévoilaient White Noise, leur première collection de mobilier à la galerie Gratadou, dans le 3e arrondissement de Paris. Sur une moquette évoquant la terre brûlée, des meubles en plâtre aux silhouettes atypiques se déployaient, composant un paysage aussi énigmatique que fascinant. Une analyse approfondie de ce que le bruit blanc signifie pour le duo.
C’est sur les bancs de l’École des Arts décoratifs de Paris que Thomas Lelouch croise pour la première fois le regard de Clémence Mars. Cependant, leur duo ne prendra forme que quelques années plus tard, lors d’un projet commun à la La Station - Gare des Mines.
« Notre relation amoureuse s’est progressivement transformée en une collaboration professionnelle. À l’époque, un tournant s’est opéré dans ma carrière lorsque j’ai quitté, en mars, l’Atelier Kraft, un studio que j’avais cofondé avec deux anciens associés. Ce départ m’a permis de me recentrer sur mon travail artistique, tandis que Clémence amorçait sa propre démarche créative. Nos trajectoires se sont alors rejointes dans une dynamique commune », confie le jeune homme.
Sculpteur spécialisé dans le travail du plâtre, Thomas Lelouch se retrouvait pleinement dans l’identité artistique de Clémence, ainsi que dans ses influences. En réinterprétant leurs formes respectives, le duo a donné naissance à un nouveau mouvement, à la croisée de leurs deux pratiques. La collection de mobilier White Noise en est le témoignage : « Ce nom évoque l’idée du bruit blanc, créant une atmosphère douce et enveloppante. Cette idée se retrouve également dans la gestuelle de la sculpture et dans la façon dont la matière est travaillée. » Reconnu pour ses vertus thérapeutiques, notamment en médecine du sommeil, le bruit blanc possède un pouvoir apaisant, que Thomas compare à celui de la neige. La couleur blanche de leurs pièces vient renforcer cette analogie, créant une atmosphère sereine.
Leur travail évoque des formes façonnées par le temps, déterrées comme des ossements anciens. Cet aspect, omniprésent dans leurs créations, se révèle à travers les différentes couches de plâtre recouvrant le métal. Ces superpositions laissent apparaître des nuances et des marbrures organiques, renforçant la dimension vivante de leurs pièces. Ce procédé confère à la matière un aspect presque sensuel, rappelant le stuc vénitien. Les trois luminaires, la table et le guéridon composant cette première collection allient minimalisme et exubérance comme se plaît à le dire le tandem. « Les deux concepts se retrouvent également dans la fonctionnalité de nos pièces. Notre table en est l’exemple. Elle affiche un design minimaliste avec des plateaux simples, mais ses pieds se déploient dans toutes les directions, dit le duo. L’exubérance, nous la voyons ici, dans cette idée d’avoir une fonction, mais pas seulement. Certains objets deviennent de véritables sculptures. »
Même pour la réalisation de petites pièces, le couple cherche à jouer avec les matières et les contrastes. Clémence inscrit justement cette approche dans son mobilier. La dissemblance entre les matériaux nobles et les formes plus libres permet de sortir White Noise d’un cadre trop formel, apportant une touche sixties, presque illustrative, à l’image de l’esthétique futuriste de Pierre Paulin.
À l’avenir, les designers envisagent d’étendre leur collection de mobilier en expérimentant de nouveaux matériaux, comme le verre. Concernant l’applique murale, Clémence et Thomas souhaitent aller plus loin dans l’idée du bas-relief, avec la création de murs entiers composés de grands rectangles assemblés. Un projet qui est déjà en développement. « Notre ambition serait de concevoir une maison White Noise, un lieu où chaque meuble serait imaginé selon cette esthétique. L’idée serait de créer un espace à la fois étrange et immersif, où l’ensemble serait une harmonie. » Le design expérimental a encore de beaux jours devant lui. •