Matthew Ronay

Par Sébastien Maschino

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Sleeper, Matthew Ronay, 2025, basswood, dye, shellac-based, primer, plastic, steel, 62 x 62 x 32 cm • © courtesy of the artist and Perrotin

Votre travail, caractérisé par des formes abstraites et des couleurs vives, crée une atmosphère presque psychédélique. Comment développez-vous cette esthétique et quelles influences façonnent votre approche visuelle ?

Des combinaisons inquiétantes, des indulgences érotiques et des leurres inexplicables apparaissent souvent au début d’un voyage vers l’inconnu. Il se pourrait qu’une réponse évolutive au danger nous incite à être stimulés par des teintes vives et des juxtapositions troublantes. Même le fait de se frotter les yeux produit quelque chose d’intrigant. J’ai perfectionné ma capacité à accepter les images déroutantes et à rejeter le jugement du vocabulaire créé par ma pratique du dessinsinueux. La génération répétée d’images sans but fait partie intégrante de ma pratique, tout comme la recherche sur l’histoire de l’art, la science, la spiritualité et l’histoire. Toute image ou tout phénomène qui m’apparaît et qui a cette qualité accrocheuse mérite généralement qu’on y prête attention. Ces choses varient, par exemple : Kitagawa Utamaro, Jean Hélion, la ferronnerie décorative d’Italie, la Seconde Guerre mondiale.
Jim Jones, Samuel Johnson, Louis Henry Sullivan, Zeki Müren. Les culturistes, la méditation, les calculs amygdaliens, la diverticulose. Foujita, Finsterlin, Feingefühl, Fengyi. Le résultat visuel de ces activités est la sculpture. Le résultat intellectuel pour le créateur est l’enrichissement et la découverte. Le résultat spirituel est l’apaisement de l’anxiété.

Vous utilisez une grande variété de matériaux, notamment le bois, la résine et la peinture. Comment choisissez-vous chaque matériau et quelle est votre relation avec lui ?

Les matériaux ne m’intéressent pas en tant que vecteur de transmission de sens. Dans le travail d’autres artistes, j’apprécie les matériaux, mais dans le mien, mon choix de matériau ne sert qu’à l’incarnation, techniquement, de l’image. C’est très pratique. J’ai passé des milliers d’heures à travailler le bois et je peux lui imposer ma volonté.

Pouvez-vous décrire votre processus créatif, de l’idée initiale à la sculpture finie ?

Le processus est une série d’activités qui perpétuent la recherche et l’apaisement de soi. Mes motivations sont d’observer, d’apprendre et de me recentrer en m’isolant et en travaillant intensément. Je ne commence jamais par une idée. Je m’engage dans ces activités : la recherche (à travers des collections de livres, de la lecture, Internet – Tumblr, Twitter, TikTok, Wikipédia, etc. –, ou bien en regardant des films, en visitant des expositions avec des amis, en écoutant de la musique, en discutant), la méditation, le dessin automatique répété, éditer des collections de dessins, choisir des dessins d’un intérêt accru, projeter des dessins pour déterminer la taille appropriée d’une œuvre, coller des blocs de bois bruts, sculpter du bois, photographier des œuvres en cours de réalisation, inventer des parties de sculptures non définies par des dessins originaux, choisir des couleurs, teindre des œuvres, photographier des œuvres, rechercher des titres, découvrir des significations possibles, rincer, répéter. •

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in order of appearance: The Oblivion of Repose, Matthew Ronay, 2024, baswood, dye, shellac-based primer, plastic, steel, 54 x 109 x 30 cm • The Crack, the Swell,and Earth, an Ode, Matthew Ronay, 2022, baswoodn dye, gouache, flocking, plastic, steel, cotton, epoxy, HMA, pen, 721 x 95 x 33 cm • The Tombs Are Upset, Matthew Ronay, 2023, baswood, dye, gouache, primer, flocking, plastic, steel, epoxy, HMA, pen, 86 x 360 x 42 cm • The Tombs Are Upset, Matthew Ronay, 2023, baswood, dye, gouache, primer, flocking, plastic, steel, epoxy, HMA, pen, 86 x 360 x 42 cm • © courtesy of the artist and Perrotin