Avec la série Metallic Transformation, le designer chinois Hongjie Yang explore la tension entre nature et artifice, au travers de sculptures dignes d’une archéologie dystopique.
Né en 1989, formé à New York, puis diplômé d’un master en Contextual Design à la Design Academy d’Eindhoven, Hongjie Yang façonne une esthétique unique où la matérialité brute de la nature rencontre l’innovation technologique. Par ses procédés, il explore les métamorphoses du métal, retraçant son chemin du minerai primitif jusqu’à l’aluminium sublimé. Au cœur de sa réflexion se trouve la liminalité, un état transitoire issu du latin limen, signifiant « seuil ». Une notion qui invite le spectateur à s’engager dans cet espace flou, où les distinctions traditionnelles s’estompent. Avec Metallic Transformation, Yang incarne cette vision en fusionnant des matériaux organiques à des technologies de pointe, telles que le spray métallique au plasma, un procédé emprunté à l’industrie aérospatiale. Les sculptures générées se caractérisent alors par un jeu de contrastes entre les surfaces polies du métal et les textures brutes minérales.
Ces variations illustrent l’impact de l’homme sur son environnement et traduisent visuellement la synergie des contraires, thème central pour l’artiste. « Il existe des forces qui s’opposent les unes aux autres, souvent déclenchées par nos propres actions, dit-il. C’est la convergence de ces forces qui se révèle à travers mes œuvres. »
Cette dualité entre éléments naturels et chimie industrielle interroge la réalité environnementale actuelle. L’intervention humaine y façonne désormais le monde organique, non pour le dénaturer, mais pour tenter de le préserver. Hongjie Yang affirme notamment que « la nature telle que nous la connaissons touche à sa fin. Nous, les humains, sommes et serons toujours un élément du système global de la nature », car son essence même en est redéfinie. En nous projetant dans cette nouvelle ère artificielle, Metallic Transformation interroge l’ambiguïté entre le principe d’appropriation et celui de préservation. Le processus technique rejoint alors la symbolique en reflétant une époque où l’intervention humaine n’est plus perçue comme extérieure ou antagoniste à la nature, mais comme une composante de son évolution. « Ici, le corps même de la sculpture est défini par la vie végétale lorsqu’elle rencontre et interagit avec l’application de la science des matériaux avancée. À aucun moment, un élément ne peut être séparé de l’autre », explique-t-il. Que ce soit pour la bûche ou la plante, le métal ne s’y oppose pas, mais fusionne en un seul et même corps. Le designer explore ainsi la mutation des matériaux, en un hybride né de progrès technologiques, mais ancré dans un langage visuel brut, presque archéologique. Par le biais de son œuvre, Yang forge un dialogue esthétique, offrant une réflexion sur un avenir où l’établi se fond en un nouvel alliage de sens et de matière. •